Cadres de la fonction publique, défendez-vous !

Tribune publiée par La Gazette des Communes, à retrouver ici.

La fonction publique française se distingue des autres systèmes de fonctionnariat par la centralité du statut de fonctionnaire, avec ses obligations et ses droits.

L’égal accès à l’emploi public par le concours et la propriété du grade par le fonctionnaire assurent la permanence et la continuité des trois versants de notre fonction publique (d’Etat, territoriale et hospitalière) par-delà les changements politiques. L’objectif est de donner le maximum de garanties tant aux élus qu’aux usagers pour assurer la poursuite de l’intérêt général.

Ces gens n’aiment ni l’Etat, ni les fonctionnaires

Mais, dans la bouche des libéraux comme dans celle du petit monarque Macron, fonction publique rime avec rigidité et contrainte. Selon leur logiciel, il faut « libérer les énergies », retrouver « de la souplesse, de l’agilité ». En réalité, ces gens n’aiment ni l’Etat, ni les fonctionnaires, et s’ils n’y comprennent rien, en tout cas ils s’en méfient.
Le projet de loi dit de « transformation de la fonction publique » pose les jalons de cette destruction.

Le but poursuivi est, à terme, de faire des agents publics sous statut une exception, voire de les faire disparaître. Le fonctionnaire étant ainsi rangé sur l’étagère des archaïsmes de l’Etat providence.

Le candidat Macron déclarait en 2017 : « Dans les deux premiers mois du quinquennat, je changerai ou confirmerai l’intégralité des postes de direction dans la fonction publique. […] C’est une mise sous tension de l’appareil d’Etat. » Et rien n’est arrivé. Parce que choisir dans le vivier des nombreux fonctionnaires des grands corps de l’Etat, ce n’est toujours pas assez pour opérer le choix du prince.
Dès lors, passer par des recrutements de contractuels en CDI semble la voie tout indiquée. Faire appel à des contractuels n’est pas une nouveauté, loin de là puisque c’est régi au moins depuis un décret de 1986 et que nous tournons à hauteur d’un cinquième de contractuels.

Incorporer les amis de la macronie

Voilà pourquoi l’article 7 du projet de loi ne prévoit d’étendre leur recours qu’essentiellement sur des emplois permanents de direction, par dérogation au principe d’occupation de ces postes par des fonctionnaires titulaires.

C’est donc pour incorporer dans les administrations, et notamment à l’Etat, les amis de la macronie qui ne veulent pas passer par le filtre du concours, le gel du point d’indice, la continuité du service en cas de changement politique, les règles de mutation, le devoir de neutralité, etc. La start-up nation en actes.
C’est une idée républicaine du rôle du fonctionnaire et de la poursuite de l’intérêt général qui est en cause. Ne mettons pas les destructeurs des biens communs à la tête de nos services publics !

Mobilisez-vous aux côtés de vos agents !

J’alerte donc les directrices et directeurs d’administrations centrales, de collectivités territoriales et de la fonction publique hospitalière, qu’après l’augmentation du nombre d’agents précaires sous leur responsabilité, c’est maintenant à leur tour de passer à la casserole !

J’appelle à la mobilisation tous ces agents publics pour qui le statut et les valeurs qu’il véhicule ne sont pas vécus comme des contraintes, mais bien comme un moyen de réaliser la maxime républicaine : liberté, égalité, fraternité.
Alors, mobilisez-vous aux côtés de vos agents qui ne manqueront pas de le faire avant qu’il ne soit trop tard.

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