La rentrée est déjà bien entamée, le mouvement social bien ancré !

Nous voilà déjà à la fin du mois de septembre, on peut dire que la rentrée a été bien remplie, et la coupe n’est pas encore pleine. Au moment où elle débordera, je pense que le gouvernement que l’on connait actuellement ne tiendra pas longtemps en place et que le Front social et le Front de Gauche auront un boulevard pour construire une alternative à la société capitaliste. Dans cet article, je commencerai par une petite digression sur l’université de Lille 2, dans laquelle je suis inscrit comme étudiant. Ensuite je vous parlerai du collectif « La retraite, une affaire de jeunes » qui demande toute notre attention, jeunes et moins jeunes. J’enchainerai pour finir sur une analyse de la mobilisation des retraites dans la perspective d’affrontements politiques sur la question du budget 2011.

L’université de Lille 2 revient dans le Droit chemin …

En me réinscrivant à l’université de Lille 2 cette année (toujours en Master 1 de sciences politiques, on ne peut pas toujours tout avoir …) j’ai eu l’heureuse surprise de payer 441,57€ ! Attention à ne pas se méprendre, je ne suis pas heureux d’avoir débourser cette somme, puisque que je milite pour la gratuité des études. (Au passage je remercie mes parents de subvenir à mes besoins pour pouvoir m’épanouir dans la vie et faire des études.) Mais je suis bien heureux de ne pas avoir eu à débourser plus d’argent. Je m’explique. L’année dernière, lors de mon inscription, on m’a demandé 452€ pour m’inscrire. Étant syndicaliste étudiant à l’époque, je connaissais plutôt bien le montant des droits d’inscription qui sont fixés nationalement par décret par le ministère de l’enseignement supérieur. Et ce n’était pas 452€ mais 433,57 €. L’université demandait donc 18,43€ de plus à tous les étudiants, y compris les boursiers, pour soi-disant financer le sport et des frais de gestion administrative. Il est possible de payer plus lors de son inscription, notamment pour le sport, la culture, etc, mais ce type de financement ne peut être que facultatif pour l’étudiant et non obligatoire. J’ai mené la bataille, individuellement malgré ma culture de l’organisation collective, avec courrier auprès du rectorat, menace de porter la question devant le tribunal administratif, etc. J’ai obtenu gain de cause à l’amiable le 28 février 2010 pour l’année universitaire 2009-2010 ! Vous comprenez maintenant pourquoi je suis heureux, que l’université de Lille 2, qui délivre des diplômes de Droit, respecte le droit en matière d’inscription ! Voilà une petite bataille qui a des conséquences pour quelques 27 000 étudiants. 18€ d ‘économies pour tous, de quoi passer une bonne soirée entre amis autour de quelques bonnes bières pour fêter ça.

mais intègre le déterminisme social de manière brutale !

Il paraît qu’il ne peut y avoir de bonheur sans malheur. J’aurais préféré pouvoir démontrer le contraire avec l’université de Lille 2. Alors que les frais d’inscription supplémentaires font parti du passé, la sélection la plus immorale se met en place. Il paraît que ça s’appelle « l’orientation active », peut-être par opposition à « l’orientation inactive » ? Trêve de plaisanteries. En lisant un journal gratuit dans le métro le 15 septembre, je tombe sur un article concernant la réforme à Lille 2 de la première année de médecine, pharmacie, sage-femme et odontologie désormais commune. J’ai pour mémoire que dans la santé, le manque de personnel est un problème dénoncé régulièrement par les syndicats de ce secteur. Ceci n’empêche pas le président de l’université de Lille 2 de déclarer dans la presse « nous observons un léger tassement des effectifs dans cette filière, chose que nous voulions ». Mais alors, comment opère-t-on pour tasser les effectifs ? Réunir tout le monde dans une même première année ne suffit pas à l’affaire, bien que le tassement soit aussi visible dans les amphis. Alors ils utilisent « l’orientation active », processus qui vise à donner un avis aux bacheliers sur leur orientation en se basant sur leurs résultats au baccalauréat. La vice-présidente de l’université en parle de manière décontractée : « Nous avons renforcé l’orientation active en filière santé pour faire prendre conscience aux étudiants qui n’ont statistiquement pas de chance de réussite de reconsidérer leur projet ». Voilà qui fait froid dans le dos. Ne serions nous que des chiffres dans des statistiques ? Notre destin est-il inscrit dans nos résultats du baccalauréat ? A ce rythme là, l’inscription en première année de médecine sera validée uniquement sur prise de sang et résultat positif du candidat. Ben quoi ? Devenir médecin, pharmacien ou sage-femme ce n’est pas dans les gènes ? On ne peut pas déceler les futurs délinquants dès la maternelle ? Monsieur Sarkozy nous a-t-il menti ? On voit comment le venin de la droite continue de se répandre dans toute la société. Le combat est de tous les instants.

« Faculté de Droit » et droit de réunion ?!

Au passage, j’ajoute qu’il est particulièrement difficile de mobiliser les étudiants à la fac de Droit. Et pour cause, il n’y a pas de réunion publique possible sur les retraites. Monsieur le doyen de la faculté (ou plutôt devrais-je dire, monsieur le directeur d’Unité de Formation et de Recherche de Droit-Gestion-Sciences Politiques, terminologie officielle), ne daigne pas nous accorder une salle. Deuxième fois qu’il refuse. A croire que le droit de réunion s’est arrêté à la porte de la fac de droit. Un comble !

 

Déclaration universelle des droits de l’homme, Nations Unies, 1948

Le collectif « La retraite une affaire de jeunes »

Il existe depuis le début de la mobilisation sur les retraites un collectif géré par des organisations de jeunesses essentiellement, sur la base d’un appel national, expliquant en quoi la jeunesse est, elle aussi, touchée particulièrement par la réforme. Soyons clairs, la retraite n’est pas QUE une affaire de jeunes, ou QUE une affaire de vieux, c’est l’affaire de TOUS ! C’est pourquoi il s’agit d’une question de société. Mais il est vrai qu’il peut être utile d’avoir une structure particulièrement tourné vers la jeunesse afin de les mobiliser en étant au plus proche de leurs problèmes. En effet, uniquement sur l’argument que reculer l’âge de la retraite empêcherai les jeunes de trouver un travail quand cela est déjà difficile sans la dite réforme, il y a matière à épiloguer. D’autres

arguments existent. Mais au final, la grande majorité est en direction des étudiants, qui ne vont pas tarder à essayer de trouver un travail.

Un succès médiocre, malgré le travail accompli

Et pourtant, malgré l’existence de ce collectif de jeunes, le nombre de jeunes dans la rue le 23 septembre n’a pas sensiblement augmenté. Peut-être que ce n’est pas la bonne méthode, car tout le monde sait qu’il sera touché par cette réforme, mais personne ne va dans la rue. Prenons le cas du collectif lillois. Il n’est composé que d’étudiants, car telle est la réalité de ce qui compose la jeunesse organisé de nos jours. Parfois, quelques lycéens, bien rare, se mêlent aux étudiants, mais se ne sont que souvent des étudiants en devenir. Ce collectif se fixe des objectifs bien trop large, en un mot voici ce qu’il dit : « il faut conscientiser partout, tout le temps, toute la jeunesse, lycées professionnels, lycées généraux, universités, écoles, foyers de jeunes travailleurs, etc ». Or, les troupes ne sont pas assez nombreuses pour remplir ces objectifs pourtant louable. Résultat de cette dispersion : peu de mobilisation de la jeunesse. A cela j’oppose : nous sommes tous étudiants, mobilisons d’abord les étudiants, on verra ensuite pour le reste. Cela ne serait pas du luxe que d’avoir au moins les étudiants dans la rue ! Et le gouvernement a bien dit ô combien il craignait une mobilisation des étudiants.

Pour mobiliser les universités, un collectif à dimension universitaire

Je propose donc de mobiliser les étudiants et en priorité les universités, là où il y a un grand nombre. Pour ce faire, il ne faut pas penser « jeune » mais penser « université ». Car sur les universités il n’y a pas que les étudiants qui sont concernés par les retraites, il y a aussi tous les travailleurs : personnels BIATOSS, enseignants et enseignants chercheurs. Donc un collectif jeune n’est pas la bonne solution. Adaptons l’outil : je propose un collectif universitaire. Doit-on se concentrer uniquement sur les retraites ? Je ne le crois pas. En effet, nous avons de réelles difficultés à mobiliser les étudiants pour qui la question des retraites est intéressante mais pas déterminante car lointaine. La question des retraites c’est la question du partage des richesses. Voilà le bon objet qui doit être celui du collectif à dimension universitaire. En effet, il permet à la fois de mener la bataille des retraites, mais également les questions universitaires (bourses, resto-U, loyer en cité-U, désengagement de l’Etat, financement des universités, manque de personnels, etc), et surtout la question du budget 2011.

La mobilisation sur les retraites s’ancre dans le paysage

Les dates de mobilisation, de grève, de manifestation, s’enchainent et le mouvement ne faiblit pas. C’est une bonne chose pour une bataille si importante. Nous verrons si demain, samedi 2 octobre, les salariés qui ne peuvent se permettre de perdre une journée de salaire, seront dans la rue. Je le pense. Il faut pouvoir motiver ceux qui ne voit pas encore la nécessité de la grève, afin que la journée du 12 octobre soit encore plus forte que les autres, et si possible avec de nombreux étudiants ! La bataille continue, quoi que puisse en dire le gouvernement et ses allures de tête de mule. Nous pouvons les faire reculer grâce à la lutte croissante mener par les syndicats.

Un tremplin pour la bataille principale : le budget 2011 et le partage des richesses

Concernant cette mobilisation des retraites, il ne faut ni défaitisme, c’est possible de gagner, ni crier victoire, il est possible de perdre cette bataille. Tout cela dépend du rapport de force que nous obtiendront à l’issue des mobilisation du 2 et du 12 octobre. Ce qui est sur, c’est que tout le travail de mobilisation n’aura pas était vain. Il prépare la suite de la bataille : le partage des richesses et le budget 2011 comme je le disais plus haut. En effet je rappelle la manière dont le gouvernement avance la réforme des retraites : il s’agit de rassurer les marchés, et pour ce faire il faut, selon lui, réduire le déficit public. La droite veut « économiser » 40 milliards d’euros pour le budget 2011, et les 10 premiers milliards viennent de la réforme des retraites. Le lien est donc tout trouver entre le mouvement sur les retraites, et le mouvement à construire sur la rigueur budgétaire pour 2011. Il ne faut pas perdre de vue que la question reste la même : le partage des richesses entre travail et capital. Car en effet, un mouvement vigoureux contre la politique d’austérité, en France et partout en Europe, serait de nature a remettre en cause la réforme des retraites, même après son vote. Et puis, n’oublions pas que derrière, la bataille des cantonales de 2011 approche, ainsi que les présidentielles et les législatives de 2012, qui permettront au peuple français de modifier le rapport de force démocratiquement. Reste à combattre l’abstention, sans doute le plus gros fléau pour la gauche, car nous le savons bien : nous défendons l’intérêt de la majorité de la population contre celle de quelques riches, nous pouvons gagner. La lutte des classes n’a jamais été autant d’actualité !

5 pensées sur “La rentrée est déjà bien entamée, le mouvement social bien ancré !

  • 26/10/2010 à 17 h 05 min
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    Merci pour ta remarque, mais j’ai fait une erreur que je fais régulièrement. Par ailleurs UFR veut dire en réalité Unité de Formation et de Recherche, le lien entre formation et recherche étant très important. Je corrige dans l’article !

  • 15/10/2010 à 12 h 49 min
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    Attention, tu te trompes : UFR ne signifie pas Unité Fondamentale de Recherche mais Unité Fonctionelle de Recherche.
    bien à toi camarade !

  • 14/10/2010 à 17 h 38 min
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    Hélas mon ami, tu paies bien plus que tu ne crois pour tes études, tout d’abord personne ne propose vraiment l’école gratuite car le premier des budgets de l’éducation est ou devrait être le budget de l’éducation national et faut-il rappeler qu’à chaque euro dépensé tu reverses directement déjà au moins 20% pour ce genre de besoin sans parler des autres impôts évidemment, donc lors de l’inscription à l’école publique on te fait en quelque sorte passer deux fois à la caisse…L’important c’est que la gratuité lors de l’inscription représente la seule garantie de l’école pour tous! A moins que certains ne se sentent plus méritants à recevoir de l’instruction que d’autres… pour des raisons matériels…
    Sur la retraite, lorsque le chômage de tous et la pauvreté ont le plus fortement augmenté depuis des années, maintenir à leur poste 2 ans de plus tout le monde ou presque est absurde, dans le meilleur des cas une personne à la retraite devrait être remplacé par un jeune qui a besoin d’un poste, et donc on ne paie pas la retraite qu’on devait payer pendant 2 ans, son montant étant forcement supérieure au minimum social auquel le jeune a droit et aura droit pendant 2 ans de plus …mais la patience est une vertu…surtout s’il a moins de 25 ans… Bien entendu, le raisonnement mériterait d’être approfondi, mais le plus drôle est que certains prétendent maintenant que ça va créer des emplois, je l’avoue, je ne savais pas que les entreprises allaient si bien qu’elles pouvaient se permettre d’embaucher un jeune en créant un nouveau poste tout en gardant 2 ans plus leurs postes de fin de carrière, on se demande qui gagne vraiment quoi dans cette affaire…
    Bon courage pour tes luttes, pour tes idées et pour ce blog…

  • 12/10/2010 à 20 h 06 min
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    Bonjour Céline,

    Tout d’abord, je te remercie d’avoir laissé un commentaire sur mon blog (ils se font rares !).
    Cela ne te surprend pas si je te dis que je suis en désaccord avec le fait de travailler plus longtemps, ou encore de mettre fin au système par répartition…

    Je n’ai cependant pas le temps de développer les raisons de mon désaccord, ainsi que les propositions de mon parti. Et cela d’autant plus que plusieurs camarades ont déjà produis diverses brochures, fascicules (et maintenant même un petit livre de 100 pages) sur le sujet. A chaque fois, il est expliqué pourquoi nous sommes contre la réforme du gouvernement, mais qu’une autre politique (ou réforme si tu préfères) est possible.

    Je te renvoie donc à une saine lecture dont voici le lien : http://www.lepartidegauche.fr/images/stories/docs-pg/brochure-retraite-pg.pdf

    Mon article vient seulement apporter un complément d’analyse, notamment locale sur l’état de la mobilisation.

    J’espère t’avoir répondu, et si ce n’est pas le cas, tu peux toujours me le faire savoir par un nouveau commentaire !

  • 12/10/2010 à 19 h 18 min
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    Je voulais dire que pour ma part, je ne participe pas aux manifestations qui se déroulent en ce moment dans ma ville : Valenciennes, pour la simple raison que je ne comprends pas ce que vous attendez du gouvernement. Si l’on ne peut pas reculer l’age légal de départ à la retraite alors que proposez-vous ? Il faudra bien un jour réduire le déficit qu’a entrainé notre système et si pour cela il faut travailler un peu plus, où est le problème ? J’approuve le système par répartition tel qu’il est aujourd’hui et cela ne me plairait pas qu’un jour le Gouvernement décide d’y mettre fin. Honnêtement, je vais déjà devoir épargner pour suffisamment de choses au court de ma vie (pour mon logement, pour partir en vacances, pour les études de mes enfants…) sans pour autant devoir me préoccuper de financer également ma retraite ! Critiquer c’est bien, mais proposer des solutions alternatives viables, c’est mieux…

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